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« Dans un communiqué de presse du 29 octobre 2024, les ONG Bloom et Foodwatch ont attiré l’attention sur le fait que la majorité des boîtes de thon en Europe sont contaminées par le mercure et présentent un risque potentiel pour la santé des consommateurs.
Dans ce contexte, j’aimerais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de la Santé et de la Sécurité sociale et à Madame la Ministre de la Protection des consommateurs :
- Est-ce que les affirmations de ces ONG sont du point de vue scientifique crédibles ?
- Quelles marques des conserves de thon commercialisées au Luxembourg sont concernées par cette contamination ? Est-ce que des valeurs ont été mesurées ?
- La division de la sécurité alimentaire va-t-elle adresser un avertissement à la population ? Dans la négative, pour quelles raisons ?
- Mesdames les Ministres, pensent-elles qu’il serait judicieux d’intervenir au niveau de l’UE pour abaisser la valeur maximale de mercure dans les conserves de thon ? Dans la négative, pour quelles raisons ? »
Äntwert
Est-ce que les affirmaons de ces ONG sont du point de vue scienfique crédibles ?
Les déclaraons émises par ces organisaons non gouvernementales (ONG) sont tout à fait crédibles. En effet, plusieurs études scienfiques (1-5), ainsi que des rapports de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) (6-8), ont scrupuleusement évalué les niveaux de mercure et de méthylmercure présents dans les poissons et les fruits de mer. De plus, des instuons spécialisées dans l’évaluaon des risques, telles que le Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR) (9-11) et l’Agence naonale de sécurité sanitaire de l’alimentaon, de l’environnement et du travail (ANSES) (12), ont également publié des données précises et pernentes à ce sujet. Il convient de noter que cete liste de références n’est pas exhausve, mais elle illustre la diversité des sources qui souennent les préoccupaons concernant la contaminaon par le mercure et méthylmercure dans les produits de la mer.
En ce qui concerne les résultats analyques des études citées par les ONG, il est important que les méthodes analyques soient validées afin de garanr que les résultats soient fiables. Les autorités luxembourgeoises n’ont pas d’informaons à leur disposion concernant les laboratoires et les méthodes analyques ulisées pour l’analyse des échanllons des études évoquées par l’honorable député.
Quelles marques des conserves de thon commercialisées au Luxembourg sont concernées par cete contaminaon? Est-ce que des valeurs ont été mesurées ?
À l’heure actuelle, le Luxembourg ne fait l’objet d’aucune alerte alimentaire selon le système d’alerte rapide (RASFF) de la Commission européenne (25 novembre 2024). En cas de déclenchement d’une alerte, l’ALVA prendra les mesures nécessaires pour évaluer le risque potenel et metra en œuvre des acons appropriées, à savoir rerer les produits concernés du marché et les rappeler auprès du consommateur si un risque pour la santé ne peut pas être exclu.
Les informations actuelles sur les rappels de produits alimentaires et d’aliments pour animaux peuvent être consultées sur le portail de la sécurité alimentaire: www.securite–alimentaire.public.lu.
À partir du 4 novembre, les rappels de produits alimentaires et d’aliments pour animaux sont également communiqués via deux des canaux LU-Alert : le nouveau site Internet www.lu–alert.lu et l’application LU-Alert (disponible sur Google Play Store et Apple Store).
Avant la créaon de l’ALVA en 2022, l’Administraon des Services Vétérinaires (ASV) avait pour mission de superviser la producon naonale de produits d’origine animale au Luxembourg selon la direcve 96/23/CE du Conseil du 29 avril 1996 relave aux mesures de contrôle à metre en œuvre à l’égard de certaines substances et de leurs résidus dans les animaux vivants et leurs produits applicable à l’époque (13). Ainsi, le domaine de compétence de l’ASV n’incluait pas la pêche en mer, entraînant un déficit de données dans ce secteur. Il convient également de noter qu’en vertu de cete réglementaon, de pets pays comme le Luxembourg sont confrontés à un nombre d’échanllons disproporonné par rapport à leur producon naonale de viande, d’œufs, de lait, etc. Bien que ces exigences aient été respectées, cela a laissé peu de flexibilité pour réaliser des contrôles supplémentaires en dehors du cadre réglementaire.
Consciente de l’importance d’une surveillance exhausve et suite à des modificaons législaves réduisant le nombre d’échanllons (14, 15), l’ALVA s’engage acvement à pallier cete insuffisance en maère de données. Cela inclura des efforts pour améliorer la collecte et l’analyse des informaons relaves à la pêche marine, afin de garanr une réponse adéquate aux enjeux sanitaires qui pourraient surgir dans ce domaine.
Conformément à la recommandaon (UE) 2022/1342 de la Commission du 28 juillet 2022 relave au contrôle du mercure dans les poissons, crustacés et mollusques, l’ALVA va connuer à faire des analyses et rerer les produits non conformes du marché. En cas de risque pour la santé, les produits concernés vont également être rappelés auprès du consommateur.
Il est à noter que les limites maximales en vigueur s’appliquent aux produits frais, pour les produits transformés, il convient également de prendre en compte d’autres sources potenelles de méthylmercure, comme le sel, lors de l’applicaon de ces limites.
La division de la sécurité alimentaire va-t-elle adresser un averssement à la populaon ? Dans la négave, pour quelles raisons ?
L’ALVA a publié une fiche informave sur le méthylmercure dans le poisson accessible sur le portail internet de la sécurité alimentaire sous le lien : htps://securite–alimentaire.public.lu/fr/publicaons/fiches/mercure–thon.html.
Mesdames les Ministres, pensent-elles qu’il serait judicieux d’intervenir au niveau de l’UE pour abaisser la valeur maximale de mercure dans les conserves de thon ? Dans la négave, pour quelles raisons ? »
La recommandaon (UE) 2022/1342 de la Commission du 28 juillet 2022 relave au contrôle du mercure dans les poissons, crustacés et mollusques (16) demande aux États membres de l’Union européenne de procéder, au cours des années 2022, 2023, 2024 et 2025, à un contrôle de la présence de méthylmercure et de mercure total dans les poissons, crustacés et mollusques. La surveillance devrait porter sur une grande variété d’espèces de poissons, de crustacés et de mollusques et refléter les habitudes de consommaon, afin de permetre une esmaon précise de l’exposion des consommateurs au mercure. Ces études viseront à évaluer la contaminaon de ces produits de la mer, en tenant compte des différentes sources d’approvisionnement et des méthodes de pêche. Les résultats de ces analyses seront centralisés et évalués par l’EFSA et permetront non seulement de mieux comprendre les risques associés à la consommaon de ces poissons, mais aussi de fournir des recommandaons éclairées pour la santé publique et la sécurité alimentaire. De plus, cete iniave s’inscrit dans une démarche plus large de surveillance et de protecon de la santé des consommateurs, contribuant ainsi à la mise en place de réglementaons appropriées basées sur une analyse scienfique du risque. Les ministres atendent les résultats de la campagne de collecte de données européenne à laquelle l’ALVA parcipe également pour discuter ensuite au niveau des groupes de travail d’experts auprès de la Commission sur de nouvelles teneurs maximales éventuelles pour le mercure.
L’ALVA suit ces discussions dans les groupes de travail à Bruxelles et, le cas échéant, va soutenir la diminuon des limites maximales du mercure afin de garanr la protecon de la santé du consommateur.
Références
- J. Burger, M. Gochfeld, Mercury in canned tuna: white versus light and temporal variaon. Environ Res 96, 239-249 ( 1. J. Burger, M. Gochfeld, Mercury in canned tuna: white versus light and temporal variaon. Environ Res 96, 239-249 (2004).
- G. Kumar, Mercury Concentraons in Fresh and Canned Tuna: A Review. Reviews in Fisheries Science & Aquaculture 26, 111-120 (2017).
- O. Miedico et al., Lead, cadmium and mercury in canned and unprocessed tuna: six-years monitoring survey, comparison with previous studies and recommended tolerable limits. Journal of Food Composition and Analysis 94 (2020).
- A. Medieu et al., Evidence that Pacific tuna mercury levels are driven by marine methylmercury producon and anthropogenic inputs. Proc Natl Acad Sci U S A 119 (2022).
- A. Médieu et al., Stable Tuna Mercury Concentraons since 1971 Illustrate Marine Inera and the Need for Strong Emission Reducons under the Minamata Convenon. Environmental Science & Technology Letters 11, 250-258 (2024).
- European Food Safety Authority (EFSA), Opinion of the Scienfic Panel on Contaminants in the Food Chain on a request from the Commission related to mercury and methylmercury in food. EFSA J 34, 1-14 (2004).
- European Food Safety Authority (EFSA), Scienfic Opinion on the risk for public health related to the presence of mercury and methylmercury in food. EFSA Journal 10 (2012).
- European Food Safety Authority (EFSA), Statement on the benefits of fish/seafood consumpon compared to the risks of methylmercury in fish/seafood. EFSA Journal 13 (2015).
- Bundesinstut für Risikobewertung (BfR) (2008) Verbraucherpp für Schwangere und Sllende, den Verzehr von Thunfisch einzuschränken, hat weiterhin Gülgkeit.
- Bundesinstut für Risikobewertung (BfR) (2023) Fischverzehr in Schwangerscha und Sllzeit: Einige Fischarten weisen hohe Methylquecksilber-Gehalte auf.
- Bundesinstut für Risikobewertung (BfR) (2023) Methylquecksilber in Fisch und Meeresfrüchten – gesundheitliche Bewertung neuer Daten aus der BfR MEAL-Studie.
- Agence naonale de sécurité sanitaire de l’alimentaon de l’environnement et du travail (ANSES) (2024) Méthylmercure : un risque pour la santé en cas de consommaon importante de poissons publié le 24.10.2024.
- Conseil de l’Union Européenne (1996) Direcve 96/23/CE du Conseil, du 29 avril 1996, relave aux mesures de contrôle à metre en oeuvre à l’égard de certaines substances et de leurs résidus dans les animaux vivants et leurs produits et abrogeant les direcves 85/358/CEE et 86/469/CEE et les décisions 89/187/CEE et 91/664/CEE.
- Commission Européenne (2022) Règlement délégué (UE) 2022/1644 de la Commission du 7 juillet 2022 complétant le règlement (UE) 2017/625 du Parlement européen et du Conseil par des exigences spécifiques pour la réalisaon des contrôles officiels de l’ulisaon des substances pharmacologiquement acves autorisées en tant que médicaments vétérinaires ou en tant qu’addifs desnés à l’alimentaon des animaux et des substances pharmacologiquement acves interdites ou non autorisées et de leurs résidus.
- Commission Européenne, Règlement délégué (UE) 2022/931 de la Commission du 23 mars 2022 complétant le règlement (UE) 2017/625 du Parlement européen et du Conseil en établissant des règles pour la réalisaon des contrôles officiels en ce qui concerne les contaminants dans les denrées alimentaires. (2022).
- European Commission (2022) Commission Recommendaon (EU) 2022/1342 of 28 July 2022 on the monitoring of mercury in fish, crustaceans and molluscs.