Quelles conclusions du dernier rapport biodiversité de l’IPBES pour le Luxembourg ?

Le dernier rapport de l'IPBES a montré à quel point l'humanité dépend des animaux et des plantes sauvages. Avant la COP15 au Canada sur la biodiversité, les députés du DP Gusty Graas et Max Hahn ont demandé quelles conclusions le gouvernement tire de ce rapport pour le Luxembourg.

« En date du 8 juillet dernier, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a présenté un nouveau rapport d’évaluation sur l’utilisation durable des espèces sauvages, qui arrive à la conclusion que l’humanité dépend d’environ 50.000 espèces sauvages, dans différents domaines comme l’alimentation, l’énergie, certaines activités économiques, la médecine etc.

Or, la perte de biodiversité actuelle alarmante – une espèce animale et végétale sur huit étant menacée d’extinction –, risque d’avoir des répercussions néfastes sur toutes les populations du globe, dont en particulier les populations vulnérables.

A noter dans ce contexte que fin 2022 se tiendra la COP15 sur la biodiversité au Canada visant à instaurer un cadre global pour freiner la perte de biodiversité au monde.

Ainsi nous aimerions poser les questions suivantes à Madame la Ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable :

  • Le Gouvernement est-il au courant du rapport susmentionné ?
  • De quelle manière le Gouvernement entend-il mettre en œuvre les recommandations formulées par les auteurs dudit rapport ?
  • Quelles sont les ambitions du Gouvernement pour la COP15 précitée ? Quelle est la position du Luxembourg dans les négociations à venir ?
  • Est-il prévu de réaliser une étude pareille au Luxembourg visant à déterminer dans quelle mesure quel domaine de notre société et économie dépend directement ou indirectement d’espèces de faune et flore sauvages ? »

Réponse

  1. Le Gouvernement est-il au courant du rapport susmentionné ?

Oui.

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) est un des instruments les plus importants pour donner appui scientifique à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Par ailleurs, les rapports de IPBES sont clés pour sensibiliser le grand public du rôle vital que joue la biodiversité pour le bien-être humain et le fonctionnement de nos économies.

  1. De quelle manière le Gouvernement entend-il mettre en œuvre les recommandations formulées par les auteurs dudit rapport ?

Le MECDD prend note des conclusions formulées dans le rapport. Il y a lieu de noter que les menaces posant sur les espèces sauvages ne se distinguent guère des menaces générales pour la biodiversité connues depuis longue date. Partant, les actions prioritaires pour sauvegarder durablement les espèces sauvages sont directement liées à la protection de la biodiversité et des écosystèmes.

Le Plan national pour la protection de la nature (PNPN) ou encore le Programme forestier national (PFN) sont des outils clé pour inclure les mesures à mettre en oeuvre au niveau national, ainsi que pour augmenter notre engagement au niveau international.

  • Quelles sont les ambitions du Gouvernement pour la COP15 précitée ? Quelle est la position du Luxembourg dans les négociations à venir ?

Depuis 2020, les représentants du MECDD sont impliqués dans le processus des négociations préparatives visant un accord ambitieux pour la COP15 avec des objectifs et cibles pour les années 2030 et 2050. Ils défendent les positions scientifiques qui ont été déterminés dans le rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques de 2019[1]. Ce rapport détermine les exigences minimales pour être capables pour nos sociétés de « vivre en harmonie avec la nature [2]».

En ce qui concerne les ambitions pour la COP15 : les représentants du MECDD soutiennent dans le contexte de la COP15 les cibles prioritaires qui sont la conservation d’au moins 30% des zones terrestres et des zones maritimes grâce à un système de zones protégées, la réduction de l’empreinte écologique ainsi que la restauration des habitats et écosystèmes dégradés.  

  • Est-il prévu de réaliser une étude pareille au Luxembourg visant à déterminer dans quelle mesure quel domaine de notre société et économie dépend directement ou indirectement d’espèces de faune et flore sauvages ?

Le Luxembourg détient un système de monitoring de l’évolution de la nature. Annuellement, des données sont récoltées sur les populations de flore et de faune, tout en se focalisant sur les priorités issues des obligations européennes, ainsi que sur les biotopes et habitats du milieu ouvert ou encore du milieu forestier.

A travers ces données scientifiques, le MECDD est actuellement en train d’analyser la possibilité de composer des indicateurs clés pour établir un rapport annuel appelé « Etat de La Nature » pour ainsi sensibiliser le grand public de l’évolution de l’état de la biodiversité, des écosystèmes et de nos ressources naturelles.

Notons cependant que le sujet de la dépendance économique de la biodiversité a déjà donné lieu à de nombreuses études au niveau global, notamment le rapport d’évaluation mondial sur la biodiversité et les services écosystémiques d’IPBES susmentionné ainsi que les recherches du Forum économique mondial de 2019. Le rapport du forum économique mondial a estimé que plus de la moitié du PIB mondial total dépend modérément ou fortement de la nature et de ses services[3]. Considérant que le sujet est assez bien documenté, les priorités devront se focaliser sur la mise en œuvre concrète de la protection et de la restauration des écosystèmes.


[1] IPBES (2019), Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services, https://ipbes.net/global-assessment, (consulté le 10.08.2022)

[2] Objectif principal du nouveau cadre mondial pour la protection de la nature

[3] WEF (2020), Half of World’s GDP Moderately or Highly Dependent on Nature, Says New Report, https://www.weforum.org/press/2020/01/half-of-world-s-gdp-moderately-or-highly-dependent-on-nature-says-new-report/, (consulté le 10.08.2022)

Souhaitez-vous une traduction en français de cette question parlementaire ?

Partager :

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp

Plus de questions parlementaires

Renforcer les droits des indépendantes enceintes

Les salariées enceintes peuvent demander une dispense de travail avant leur congé de maternité, par exemple si elles sont incapables de travailler pour des raisons de santé. Les indépendantes n’ont pas cette possibilité, ce qui peut avoir un impact négatif sur le recalcul de leur indemnité pécuniaire de maternité.
Les députées du DP Carole Hartmann et Mandy Minella ont demandé aux ministres compétents si une dispense de travail rémunérée ou un mécanisme équivalent serait introduit pour les indépendantes enceintes.

lire plus...

Une pharmacie va-t-elle s’installer à Bettendorf ?

En 2023, la Ministre de la Santé de l’époque avait refusé d’installer une pharmacie à Bettendorf. Comme la population de la région de Bettendorf ne cesse de croître, le député du DP André Bauler a demandé à la nouvelle Ministre de la Santé si elle reconsidérerait la décision de son prédécesseur. La Ministre de la Santé a-t-elle peut-être déjà été contactée par la commune de Bettendorf et d’autres communes pourraient-elles recevoir une nouvelle pharmacie?

lire plus...

Introduction d’un dépistage du cancer de la peau ?

Depuis 2008, il existe en Allemagne un dépistage du cancer de la peau pour tous les assurés âgés de 35 ans et plus. De nombreux cas de cancer de la peau sont ainsi détectés plus tôt.
Les députés du DP André Bauler et Gilles Baum ont voulu savoir de la Ministre de la Santé comment les chiffres du cancer de la peau ont évolué ici dans le pays depuis 2013, si un tel dépistage serait également utile au Luxembourg et pourquoi seuls les chiffres du mélanome (cancer noir de la peau) sont collectés.

lire plus...
Kanner App Bildung

Réaffectation des enseignants de l’enseignement fondamental dans leur commune

Les députés du DP Gilles Baum et Barbara Agostino ont posé des questions au Ministre de l’Éducation national concernant la réaffectation des enseignants de l’enseignement fondamental dans leur commune. Ils voulaient notamment savoir combien de postes ont été publiés sur la liste 1bis ces 5 dernières années, quel est l’approche concernant la priorisation des candidats et, de manière générale, si la nomination pour la liste 1 par les communes est toujours de mise.

lire plus...