« Il me revient que la reprise conjoncturelle de 2021 semble s’atténuer probablement vers la fin de l’année, en particulier en Allemagne. À en croire des économistes, le pic de la récente relance aurait déjà été dépassé si bien que la croissance du PIB se situerait dans un avenir proche à des niveaux atteints avant l’éclatement de la crise sanitaire.
Étant donné que l’économie allemande est l’une des économies locomotive de l’Europe et que le Luxembourg en dépend fortement, il se peut que la croissance de notre propre économie se ralentisse également.
Dans ce contexte, j’aimerais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministre de l’Économie :
- Les projections de croissance pour les mois à venir, en particulier pour les années 2022 et 2023, risquent-elles d’être révisées à la baisse ?
- Vu le ralentissement de la croissance en Allemagne, Monsieur le Ministre estime-t-il que l’impact de celui-ci soit plutôt limité au Luxembourg, en raison de la prépondérance du secteur des services dans notre économie ?
- Monsieur le Ministre est-il en mesure de quantifier l’influence des délais de livraison allongés et de la pénurie de matériaux sur l’évolution de notre PIB d’ici le milieu de la décennie? Quelles sont les branches qui, actuellement, sont les plus touchées par les différentes pénuries ? »
Antwort
Les perspectives pour l’économie allemande en 2021 sont en effet moins favorables dans le contexte actuel, car l’industrie y représente une part élevée (environ 20% de son PIB) et ce secteur est affecté à l’échelle européenne par des pénuries de matériaux. La croissance du PIB allemand devrait atteindre 2,5% à 3% en volume cette année, contre 5% environ pour l’ensemble de la zone euro. À noter également que l’économie allemande avait bien moins souffert que la plupart des autres États membres en 2020, d’où un effet de rebond moins prononcé pour 2021. Pour 2022 par contre, les prévisions les plus récentes (OCDE et IFO, publiées en septembre 2021) anticipent une croissance de l’ordre de 4,5% à 5% en Allemagne, des chiffres qui diffèrent peu de ceux publiés dans le courant de l’été par la Commission européenne ou la Bundesbank. Pour l’ensemble de la zone euro, les prévisions les plus récentes émises par les organisations internationales (Commission européenne, OCDE, FMI) sont plutôt révisées à la hausse par rapport à celles du printemps 2021, et ce pour les années 2021 (+5% en moyenne) et 2022 (+4,5%). Ainsi, si les perspectives pour l’Allemagne sont moins favorables, surtout pour 2021, l’expansion prévue pour l’ensemble de la zone euro n’a que peu évolué et plutôt dans le bon sens.
L’Allemagne est le premier pays partenaire commercial du Luxembourg : elle représente presque 30% de nos exportations de biens et un peu plus de 20% de nos exportations de services. Il est donc important de suivre l’évolution de l’économie allemande de près. Si les difficultés de l’industrie allemande devaient durer ou s’empirer, celles-ci auraient à terme des retombées négatives sur le Luxembourg. Ce n’est cependant pas le scénario privilégié aujourd’hui, les prévisions tablent plutôt sur une normalisation progressive de l’offre par rapport à la demande et une résorption des goulots d’étranglement affectant actuellement la production industrielle européenne au courant de la première moitié de 2022.
Le STATEC ne dispose actuellement pas de quantification précise de l’impact des délais de livraison allongés et de la pénurie de matériaux sur le PIB luxembourgeois. Dans le cadre des enquêtes de conjoncture menées auprès des entreprises luxembourgeoises, ces dernières mentionnent des difficultés croissantes d’approvisionnement depuis la fin de 2020, dans l’industrie mais aussi dans la construction. A l’instar de ce qui est constaté dans l’ensemble des économies européennes, la production de ces branches peine à redécoller alors que les carnets de commandes sont bien remplis. Dans l’industrie européenne, les secteurs les plus touchés par ces phénomènes sont ceux du papier, du bois, de l’automobile, des produits électroniques et électriques et des machines-outils.