3 questions à Guy Arendt
Le Grand-Duché dispose d’un paysage médiatique extraordinaire et particulièrement dynamique. Nous le devons principalement à une politique gouvernementale favorable aux médias, qui a introduit la première subvention à la presse en 1976 sous la direction du premier ministre Gaston Thorn. L’aide financière a été étendue au secteur des médias audiovisuels en 1991. Dans les prochaines semaines, la Chambre des députés adoptera une nouvelle législation en la matière.
Guy, tu es le président de la Commission de la numérisation, des médias et de la communication de la Chambre des députés. Pourquoi ce projet de loi est-il si important pour les médias luxembourgeois ?
GA: La subvention initiale était limitée aux journaux, à la presse écrite en général. Quelques années plus tard, le champ d’application a été élargi aux contenus audiovisuels et aujourd’hui, nous avons tendance à consommer de plus en plus de médias sans papier grâce aux services en ligne. Par ailleurs, il est de notre devoir de garantir l’indépendance et le pluralisme des médias. Nous sommes en plein changement de paradigme. Le principal objectif de la nouvelle législation est de valoriser le professionnalisme d’un journaliste. L’attribution d’une subvention à la presse ne devrait pas dépendre de facteurs tels que le type de média utilisé ou le nombre de pages de la presse écrite.
Cela signifie donc qu’une plus grande importance sera accordée aux qualifications d’un journaliste ? Pourquoi seulement maintenant ?
GA: Oui, exactement. C’est ce qui a été fixé dans l’accord de coalition de 2018. L’objectif est de valoriser les journalistes et leur travail. Il s’agit de valoriser les journalistes professionnels, qui créent un contenu objectif, honnête et de qualité. En attendant, le gouvernement a publié un règlement grand-ducal en 2017 pour soutenir le développement de la presse en ligne. Ce changement aurait sans doute pu être effectué bien plus tôt, mais les réformes législatives importantes prennent du temps. Maintenant, il est définitivement temps de nous joindre à la tendance des médias sans papier et de mettre nos journalistes sous les feux de la rampe.
Comment perçois-tu les médias aujourd’hui, surtout à cette époque de Covid-19 ?
GA: Aujourd’hui, les jeunes utilisent surtout Internet pour lire et regarder les nouvelles. En conséquence, les plateformes de médias en ligne doivent obtenir le soutien nécessaire pour créer un journalisme de qualité. Les médias en ligne sont beaucoup plus enclins à diffuser de fausses nouvelles, nous devons donc être très prudents. Parallèlement, nous devons garantir une grande variété de choix. Le pluralisme des médias est un élément crucial de toute démocratie. Il implique des enquêtes approfondies et un journalisme critique. La presse a toujours joué un rôle important pour la société, et non seulement en temps de crise. Les médias ont une grande responsabilité, surtout aujourd’hui. Les gens doivent avoir accès aux informations les plus essentielles et les plus récentes, que ce soit en écoutant la radio ou en lisant ou en regardant les nouvelles sur Internet.
Au Luxembourg, nous disposons d’une grande variété de plateformes médiatiques multilingues. Les résidents étrangers peuvent accéder à un journalisme de qualité dans la langue qui leur est la plus familière. C’est exactement cette diversité qui rend notre paysage médiatique si particulier.