Fro
« Depuis le 1er janvier 2021, les hommes homosexuels doivent respecter une abstinence sexuelle de 12 mois pour pouvoir donner leur sang au Luxembourg. En Belgique, la même réglementation est actuellement en vigueur, mais un débat a récemment eu lieu sur la discrimination sous-jacente qui existe toujours avec cette réglementation et sur l’ambition de mettre fin à cette discrimination.
Même si certains pays, comme la France et l’Autriche, ont réduit la durée de l’abstinence sexuelle de 12 à quatre mois, il existe dans ces pays encore toujours une discrimination à l’encontre des hommes homosexuels vivant dans une relation monogame.
D’autres pays encore, dont la Grande-Bretagne et l’Italie, suivent le principe du risque individuel. Il s’agit d’une appréciation individuelle du comportement sexuel qui détermine si l’on est exclu du don de sang, et non l’appartenance à un groupe social, en l’occurrence la communauté gaie.
Dans ce contexte, nous aimerions poser les questions suivantes à Madame la Ministre de la Santé :
- Quand la révision des critères relatifs au don de sang par le groupe de travail qui en est chargé sera-t-elle achevée ?
- La discrimination actuelle à l’encontre des personnes homosexuelles et bisexuelles sera-t-elle levée ? Dans la négative, pour quels motifs ?
- Madame la Ministre, n’est-elle pas d’avis que le modèle britannique pourrait servir d’exemple ? »
Äntwert
Il s’agit tout d’abord de préciser qu’il revient aux centres de transfusion de fixer les critères de sélection des donneurs, et non pas au ministère de la Santé.
L’approche en la matière, prise par les centres de transfusion, est en train d’évoluer en Europe et bon nombre de centres ont revu leurs critères de sélection des donneurs. Tel est également le cas du centre de transfusion de la Croix-Rouge au Luxembourg qui a adapté ses critères de sélection des donneurs vers la mi-2020.
Avant cette date, le donneur potentiel était interrogé sur son orientation sexuelle et même une seule relation homosexuelle au cours de la vie constituait un critère d’exclusion. Actuellement, le donneur n’est plus interrogé sur son orientation sexuelle en général, mais sur le fait d’avoir eu ou non au moins une relation homosexuelle pendant les 12 derniers mois. Si tel est le cas, il est exclu du don de sang, mais il est par contre accepté comme donneur de plasma.
Tous les donneurs potentiels sont également interrogés sur les éventuelles relations hétérosexuelles. Si une personne a eu une relation hétérosexuelle avec un(e) nouveau/nouvelle partenaire au cours des 4 derniers mois, elle sera également exclue du don de sang total. L’exclusion du don de sang au Luxembourg ne se fait donc plus par rapport à l’appartenance à un groupe social (homo- ou hétérosexuel), mais sur base d’une appréciation du risque d’infection réellement encouru par le donneur potentiel.
La différence entre les relations hétérosexuelles et homosexuelles (p.ex. 4 mois versus 12 mois) est justifiée par le fait que le risque de transmission homosexuelle reste plus important que le risque de transmission hétérosexuelle, sur base des dernières statistiques du comité de surveillance de l’infection HIV et des hépatites virales.